- HOSPITALISME INFECTIEUX
- HOSPITALISME INFECTIEUXHOSPITALISME INFECTIEUXLe terme hospitalisme infectieux s’applique à l’ensemble des infections bactériennes ou virales consécutives à l’hospitalisation. Ces infections, encore appelées nosocomiales, sont très fréquentes puisqu’on estime qu’environ 5 p. 100 des patients admis dans un hôpital général en sont atteints, ce pourcentage s’élevant à 50 p. 100 ou plus dans certains services de réanimation.Les affections nosocomiales sont aujourd’hui un problème de santé publique majeur et constituent l’une des causes principales de mortalité chez les malades hospitalisés et, pour certaines catégories de patients (par exemple les leucémiques), la première cause de décès.Trois ordres de facteurs, en fait étroitement liés les uns aux autres, sont à l’origine de l’hospitalisme infectieux:le défaut de résistance à l’infection de certains malades;les structures hospitalières;la pratique médicale elle-même.Le défaut de résistance des malades à l’infection est dû au fait qu’une forte proportion des patients hospitalisés est exposée au développement d’infections bactériennes ou virales, du fait de la baisse de leur résistance immunitaire.Il en est ainsi des cancéreux, des diabétiques, des alcooliques, des sujets âgés ou, au contraire, des prématurés, de tous les patients cachectiques et, de plus en plus souvent aujourd’hui, des malades soumis à des traitements immunosuppresseurs: chimiothérapie anticancéreuse, radiothérapie, corticothérapie au long cours.Chez ces patients, les infections hospitalières sont plus fréquentes et surtout plus graves que chez les sujets sains.Les structures hospitalières modernes concourent également à la multiplication des cas d’hospitalisme infectieux.D’une part, l’admission des malades contagieux est inévitable, d’autre part, certains services (réanimation, brûlés) concentrent, pour des raisons techniques évidentes, sur une faible surface, des malades dont beaucoup ont des problèmes infectieux graves, ce qui contribue à faciliter la transmission des germes d’un patient à l’autre et donc à infecter les «entrants». D’autre part, certains dispositifs (ascenseurs, climatiseurs) ou des agencements mal conçus sur le plan architectural ont contribué à faciliter les contaminations à partir des gîtes microbiens ainsi constitués.La pratique médicale elle-même participe à l’aggravation de l’hospitalisme infectieux:D’une part, le personnel hospitalier est le vecteur principal de bactéries et de virus et cela par l’intermédiaire des mains, du pharynx (gouttelettes de salive projetées en parlant) et, plus généralement, de l’air ambiant.D’autre part, la médecine moderne requiert la mise en œuvre de moyens d’investigations et de traitements de plus en plus agressifs: catheters de perfusion, sondes urinaires, sondes d’intubation, drains, ponctions lombaire ou de plèvre... Chacune de ces méthodes, malgré toutes les précautions d’asepsie, peut être à l’origine d’une infection hospitalière sévère.Enfin, et peut-être surtout, l’utilisation parfois anarchique d’antibiotiques de plus en plus actifs, à spectre d’activité de plus en plus large (nombre d’espèces microbiennes sensibles au produit), n’a pas conduit, comme certains auraient pu le croire, à une disparition des maladies infectieuses, mais à une modification préoccupante de l’univers microbien auquel sont confrontés les malades hospitalisés.Cette utilisation intensive des antibiotiques a eu deux conséquences néfastes: des germes virulents, résistant naturellement à la plupart des antibiotiques, mais jusque-là très rares, ont été sélectionnés par l’antibiothérapie et sont de plus en plus souvent responsables d’infections nosocomiales sévères (klebsiellas, pyocyaniques, serratias...); à l’intérieur d’espèces microbiennes jusque-là sensibles aux antibiotiques sont apparues, par des mécanismes complexes (mutation ou transmission d’une bactérie à l’autre de plasmide de résistance), des souches résistantes à la plupart des antibiotiques disponibles. Par exemple, si près de 80 p. 100 des staphylocoques étaient sensibles à la pénicilline en 1945, seuls 20 à 25 p. 100 de ces bactéries le sont actuellement en milieu hospitalier.Préoccupation constante des responsables médicaux des hôpitaux, la prévention des infections nosocomiales repose sur quelques mesures simples, mais difficiles à appliquer en pratique:détection des sujets à hauts risques infectieux et, si possible, correction du déficit immunitaire (réalimentation des patients cachectiques, par exemple);lutte contre l’apport de germes extérieurs au malade, en réglementant l’entrée des visiteurs, en isolant le plus rigoureusement possible les patients contagieux et les malades à très hauts risques d’infections, en isolant même certains patients en chambre stérile (leucémiques, aplasies médullaires);lutte contre les gîtes microbiens par le nettoyage et la désinfection répétée des locaux;lutte contre la transmission des bactéries en utilisant deux armes principales: l’asepsie (lavage répété des mains, port de gants stériles...) et l’antisepsie (désinfection de la peau avant tout geste traumatique);mise en œuvre, au niveau de chaque hôpital, d’une politique d’antibiothérapie consistant à utiliser le plus possible des antibiotiques à spectre étroit, à éviter au maximum l’antibiothérapie préventive ou de couverture, afin de respecter le plus possible l’équilibre écologique bactérien; cette simple restriction volontaire de la prescription d’antibiotiques a permis, dans certains services de réanimation, de diminuer de près des deux tiers le nombre de septicémies de surinfection.
Encyclopédie Universelle. 2012.